Dieu sur la sellette

Dieu sur la sellette

Entre le Watergate (1974, Nixon : des cambrioleurs dans les locaux (complexe d’immeubles appelé Watergate) du Parti Démocrate), l’Angolagate (1994), le Rubygate (Berlusconi, président italien du conseil des ministres, 2010), ou encore l’affaire EADS-Clearstream ou le scandale du corbeau des frégates de Taïwan (2004), le scandale du médiator, le scandale de Panama (entre 1880 et 1923), le scandale de la viande de cheval, le scandale de l’amiante, le scandale de la NSA (avec E. Snowden), le scandale du sang contaminé, le scandale des prothèses mammaires, ou encore l’affaire Bygmalion, les affaires de paradis fiscaux et de détournements de fonds, les affaires d’écoutes téléphoniques illégales, d’obstructions à la justice, les comptes truqués et les fausses factures, les affaires d’espionnage et de contre-espionnage : les affaires se suivent et se ressemblent, plus ou moins. Rien ne semble être à même de décourager les velléités de suprématie et l’âpreté au gain. Mais, telle est la nature humaine, me direz-vous. Qui n’a pas les mains sales, qu’il lève la main et qu’il jette la première pierre, disait quelqu’un…

Il faut observer que, dans beaucoup de ces affaires, les véritables coupables et responsables sont rarement atteints et, s’ils le sont, c’est au travers de ce que tout le monde a pris l’habitude de qualifier de parodie de justice, et ils écopent d’une faible condamnation, souvent avec sursis ! C’est dans ce contexte d’injustice que nous pouvons demander qui a déjà entendu parler du scandale du Satanagate ? Pas beaucoup. Qui connaît l’Affaire-Satan au cœur du Conflit Cosmique entre la vérité et le mensonge-séduction, entre l’Amour et la haine, entre la frénésie du pouvoir et de l’adoration et l’humilité et l’abnégation ? Qui y croit encore et qui s’en scandalise ? Ignorance rime ici avec indifférence !

Par contre, il existe un Nom qui, dès qu’il est prononcé, suscite immédiatement, en général, un lever de bouclier, une frustration-colère, un rejet : DIEU ! Contre ce Nom s’allument tous les griefs et accusations. On lui fait porter toutes les responsabilités (l’existence du mal, les horreurs de l’Histoire, la souffrance des innocents, etc.) ! En d’autres termes, Dieu est considéré comme le Responsable et le Coupable, s’il existe, de la Tragédie des siècles !… Il est d’ailleurs interpellant de remarquer que cette attitude à l’égard de Dieu a commencé en Eden, dans le Paradis même où, après avoir mangé du fruit défendu sous l’instigation du Satan, Adam accuse Dieu d’avoir créé Eve (qui lui a donné du fruit), tandis qu’Eve, à son tour, accuse Dieu d’avoir créé le serpent (qui l’a tentée) ! Ambiance ! Cela n’a été que la suite du scandale qui avait éclaté au ciel, dans lequel le Satan avait accusé Dieu et Son Gouvernement cosmique de clientélisme, de népotisme, de trafic d’influence, de tyrannie, d’incompétence, de rapacité, de subordination (pot de vin, corruption) et d’égoïsme. On reproche aussi à ceux qui sont censés représenter Dieu (les religions) d’être des marchands d’illusions (à coup de culture de nostalgie-culpabilité, de regret-remords, de crainte-espérance), de vouloir substituer la foi à la liberté, le confort à la lucidité. On n’est d’ailleurs pas obligé d’opposer systématiquement foi et liberté ou confort et lucidité, ni raison et intuition. L’histoire humaine révèle que chacun de ces couples de mots a été harmonieusement accueilli par la  plupart des grands hommes de l’histoire.

C’est que le rapport humain avec Dieu est trop souvent un rapport de marchandage matérialiste (le Dieu Supermarché ou Presse-Bouton : la prière est ici perçue et vécue comme une liste de courses ; chaque bénédiction est conditionnée par quelque sacrifice offert…), ou un rapport de crainte morbide (le Dieu-Juge Père-Fouettard qui exigerait-imposerait l’obéissance et même l’adoration de sa Personne : le Dieu imprévisible, chimiquement instable…), ou un rapport de permissivité laxiste (le Dieu Papi-Gâteau ou Bisounours). Ainsi, quand il ne se présente pas à nous sous l’une de ces trois figures, comme nous nous y attendons, nous sommes surpris-désorientés, frustrés-insatisfaits, ou bien en colère et en rébellion.

Pourtant, curieusement, scandaleusement, loin de s’en offusquer, Dieu semble accepter ces accusations. Il accepte d’être mis sur la sellette par Adam et Eve, par la race humaine et aussi par ceux qui (les religions) sont pourtant censés le représenter, ce qu’elles ont plutôt mal fait jusqu’ici, au détriment de Dieu lui-même d’ailleurs. Il accepte d’être mis en examen-jugement par la race humaine, par tout l’univers. Il accepte de porter la responsabilité de la faillite de la race humaine ! Qui dit mieux ?

    Finalement, peut-être que Dieu est « plus athée » que nous ne le pensons ! « Si ça se trouve », Dieu est probablement « plus incroyant » que beaucoup d’entre nous ! Car, manifestement, il ne croit pas dans le Dieu dans lequel nous croyons habituellement, et que nous avons forgé ! Il ne croit pas non plus dans le Dieu dans lequel nous ne croyons pas : on est donc quittes ! « Des fois », il doit se demander si c’est vraiment « en Lui » que les hommes croient. Il faut croire qu’il ne se retrouve pas lui-même dans ce que nous pensons de lui ou croyons de lui !

    D’où la nécessité d’une révélation plus grande que dans la nature, dans l’Histoire ou dans la tradition, car l’homme a une image déformée, une connaissance mutilée et une expérience déséquilibrée et insatisfaisante de Dieu. Le comble serait que l’homme puisse refuser le Dévoilement que Dieu ferait de Lui-même, parce qu’il prétendrait mieux connaître Dieu que Dieu Lui-même ! Ce serait pire que de ne pas ressentir le besoin de Dieu. En tout état de cause, par respect pour l’homme et par pédagogie salutaire, la révélation doit être progressive.

Il est d’ailleurs très troublant que, dans les Ecritures, après avoir changé le nom de Jacob (litt. voleur, trompeur, usurpateur) en Israël (vainqueur de Dieu et des hommes), Dieu persistera à ce qu’on l’appelle Dieu de Jacob ! Dieu des escrocs et des malfrats ! Tout un programme ! Dieu dépaysant, décoiffant, à rebrousse-poil ! Pas étonnant que « tous les publicains (les membres du Fisc, synonymes de gens à scandale, filous) et les gens de mauvaise vie (tous les Jacob) s’approchaient de Jésus pour l’entendre. Et les Pharisiens et les scribes murmuraient en disant : Cet homme accueille des gens malfamés et mange avec eux ! » (Luc 15 :1,2). Cœur du message de Jésus : « Je ne te condamne pas, va, et ne te détruis plus et ne détruis plus tes frères humains ». Il ramenait la dignité, la guérison et la joie partout où il passait (Act.10 :38) !

Qu’y avait-il derrière ? Qui représentait-il donc ?

Jésus le dira lui-même : « Celui qui m’a vu (vivre), a vu le Père » …

Il serait peut-être temps de désenclaver l’histoire de l’humanité et de clarifier l’une des plus grandes mystifications et méprises qui se soient produites, à savoir, comme dans l’affaire Dreyfus ou dans le procès Outreau, réexaminer le Satanagate et le Dieugate et réhabiliter qui de droit ! A vous de voir. Nous pourrons, à travers ce site, faire un bout de chemin ensemble dans cette direction, si vous le souhaitez. Cela vaut le détour !

Julius Brown Jr