Judas, ou les vagues de l’amour repoussées…

Judas, ou les vagues de l’amour repoussées…

Judas est un politicien, un économiste, un philosophe et un stratège, ambitieux et opportuniste. Son nom signifie « louange » !

Son père s’appelle Simon, celui-là même qui traitera Marie Magdalena avec mépris lorsqu’elle osera exprimer sa gratitude envers Jésus par l’achat de ce parfum de grand prix (Lc 7:36-50).

On dit qu’il est le seul apôtre qui ait déposé sa candidature auprès de Jésus pour être accepté comme l’un de ses disciples, les onze autres ayant été choisis par Jésus lui-même (Luc 9:57-62).

Jésus l’accueille pour l’exposer à l’Amour qui se sacrifie et pour lui donner la chance de sa vie, devenir la meilleure version de lui-même, et non la pire ! Jésus l’accueille pour l’exposer à la nature du gouvernement de Dieu, c’est-à-dire le Roi-Agneau (Mt 20:26-28 ; Act. 20:35).

C’est qu’il a un fort potentiel, qui, bien entrainé, peut être une vraie bénédiction pour tous. Mais, comme son père, Simon, Judas a un égo suffisant et surdimensionné. Il espère occuper le poste de Premier Ministre, voire de ministre de l’économie et des finances du royaume que le Messie Yeshoua va établir. Mais, il va vite se rendre compte que sa définition de l’autorité, son type de gouvernement, les caractéristiques du bonheur, de la réussite et de la grandeur diffèrent radicalement de ceux du Christ. Le Christ se présente comme un Roi Agneau et petit enfant, tout le contraire du lion et du renard que Judas symbolise. Manifestement, l’image de Dieu, la définition du salut et les méthodes de gouvernance du Christ indisposent Judas. Chez lui, la fin justifie les moyens ; il est adepte du pragmatisme, de l’utilitarisme, de l’efficacité et du populisme. C’est un animal politique.

Il est stupéfait de voir le Christ fuir le pouvoir. Comment le Messie peut-il déclarer que le plus grand est celui qui sert les autres et que le premier est celui qui accepte volontiers d’être l’esclave de tous en vue de leur élévation, fût-ce au détriment du sien ? (Mt.20 :26-28). Comment peut-il y avoir plus de bonheur à donner qu’à prendre-recevoir quand on a érigé comme principe directeur de sa vie d’en profiter au maximum, de gagner le plus possible ? (Act.20 :35).

Jésus a tellement aimé ce moderne, ce post-moderne, que, même au bord du gouffre, quand il ne restait plus d’espoir, Jésus deviendra son esclave. Le roi devient esclave lui lavant les pieds.

C’est le récit de Jean 13 :1-17.

Vous n’êtes pas sans savoir que le lavement des pieds, chez les juifs, se faisait par un doulos (esclave) et non par un diakonos (serviteur). Le doulos n’a aucun droit, aucun nom, aucune identité. Il n’a rien, il ne vaut rien, il ne représente rien. Une personne en Israël qui a un minimum de dignité ne s’abaisserait pas à laver les pieds de qui que ce soit. Mais, à supposer qu’il n’y ait pas d’esclave, celui qui lave les pieds est celui qui a le statut social le plus bas dans l’ascenseur social. Dans ce groupe de 12 disciples, personne ne se considère comme esclave, et personne ne veut être considéré comme inférieur.

Or, ne voilà-t-il pas que le Maître-Messie se lève et tous les yeux s’ouvrent ! Il relève son vêtement pour ne pas être gêné, prend une serviette, et l’impensable se produit ! Le Dieu, auquel personne ne croit, se lève ! Que va-t-il faire ?  Dieu prend le statut d’esclave de l’homme !

Et la grande question se pose : Par qui va-t-il commencer ?

Cette question est capitale, puisqu’il n’y a qu’une seule bassine et l’eau ne sera pas changée jusqu’à ce que tous les 24 pieds soient lavés !

Judas est à gauche de Jésus, Jean est à sa droite. Jésus commence à laver en premier les pieds de celui qui allait le trahir (l’eau est nickel-propre), celui qui a quelque chose dans son cœur contre lui, et il termine par ses meilleurs amis Pierre et Jean (l’eau est alors sale comme les égouts). Normalement, on commence par ses amis (l’eau est encore propre) et on termine par ses ennemis (l’eau est sale de toutes les crasses des autres, puisque tout le monde marche en sandales partout, ambiance…).

Judas est déstabilisé, bouleversé. Le cœur du Christ divin et humain à la fois n’avait épargné aucune compassion envers lui pendant trois ans. Les vagues de la miséricorde, refoulées par l’orgueil obstiné de Judas, revenaient à l’assaut avec plus de force pour vaincre par l’amour ce cœur tant désiré.

Néanmoins Judas « se hâta de sortir. Il était nuit… »

Mais, ce n’est pas fini avec Judas. Lorsque Judas, par un baiser, deux heures plus tard, vient trahir Jésus, ce dernier lui dit. « Mon ami, ce que tu es venu faire fais-le. » Mon ami ! Ce mot ami est le même qui est utilisé en Apocalypse 3 :19 : « Je reprends et j’éduque, je discipline tous mes amis. » Tu vois que rien dans ta vie ne peut perturber la passion et la fidélité qu’Il te porte, même dans les moments où tu le trahis, le renies, le blesses…

A travers le lavement des pieds, Jésus dit à ses disciples : « Vous m’appelez Maître et Seigneur, et je le suis. Et pourtant, je suis au milieu de vous comme l’esclave, celui qui vous sert. Si vous savez ces choses, heureux êtes-vous, si vous faites de même. » (Jn 13). « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. » (Jn 13 :34-35).

Dieu ne tient pas à rester Dieu à tout prix, en tout cas pas le Dieu que nous nous sommes faits nous-mêmes. Ici, le Très-Haut devient le Très-Bas (humilité). C’est un amour descendantal. Pour Dieu, le chemin qui monte, c’est celui qui descend jusqu’à nos pieds, pour nous aimer à travers l’humiliation, la malédiction et la perdition pour lui. Comme à la création, ce Dieu d’amour nous fait de la place. Dieu fait de la place en lui-même pour nous accueillir dans le Messie.

Judas se perdra lui-même en résistant aux avances d’un Amour torride, déterminé, passionnel, inconditionnel et fidèle du Christ envers lui ! Il a résisté à l’amour en présence de l’Amour ; il a piétiné le paradis en présence du Paradis incarné ; il a craché sur la Grâce souriante de Dieu qui était préoccupé uniquement par sa guérison. Ce Dieu n’a pas changé aujourd’hui !

Dans beaucoup de cas, si nous savions comment se terminerait un mariage, nous n’aurions jamais épousé cette personne. Malgré tout, Dieu épouse cette personne quand même, mille fois s’il faut, pour l’exposer à Sa bonté tenace. Et cette personne, ce n’est pas seulement les onze autres disciples, ce n’est pas seulement Judas, c’est moi, c’est toi ! Quand bien même l’Amant de nos âmes devait encore se faire massacrer par toi et moi, comme au Calvaire !… C’est que ce Dieu-là a misé une valeur supérieure sur toi. Or, Dieu ne perd pas son temps avec du vil métal, mais investit tout son temps et sa Personne sur l’or, que tu es ! Il frappe à la porte de ton cœur en ce moment-même, comme il frappait à celui de Judas au moment où le Seigneur de l’univers lui lavait les pieds. Pourquoi ne pas céder à ses avances et l’élire maintenant Roi de ton cœur, de ta vie, de ta destinée ? Tu pourras alors être la meilleure version de toi-même, en Sa compagnie…

Julius Brown Jr